96 - MATH. II P'

ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES,

ECOLES NATIONALES SUPERIEURES DE L'AERONAUTIQUE ET DE L'ESPACE,

DE TECHNIQUES AVANCEES, DES TELECOMMUNICATIONS,

DES MINES DE PARIS, DES MINES DE SAINT-ETIENNE, DES MINES DE NANCY,

DES TELECOMMUNICATIONS DE BRETAGNE

ECOLE POLYTECHNIQUE

(OPTION TA)

CONCOURS D'ADMISSION 1996

MATHEMATIQUES

DEUXIEME EPREUVE

OPTION P'

Durée de l'épreuve : 4 heures

Les candidats sont priés de mentionner de façon apparente sur la première page de la copie : MATHEMATIQUES II - P'

L'énoncé de cette épreuve, particulière aux candidats de l'options P', comporte 6 pages.

Dans tout le problème la lettre n désigne un entier strictement supérieur à 1. A toute matrice carrée complexe d'ordre n, d'éléments mij, 1in, 1jn, associons le réel ||M|| défini par la relation :

||M|| = n.max{ |mij| / 1in, 1jn }.

Il est admis que cette application du C-espace vectoriel Mn(C) des matrices carrées complexes d'ordre n est une norme. L'espace vectoriel normé (Mn(C), || ||), de dimension n², est désigné par M. A cause du choix de la norme et de la dimension finie n² de l'espace Mn(C) les résultats suivants sont admis.

R-1. Cette norme est une norme d'algèbre : pour tout couple de matrices M et N de M, il vient : ||M.N|| ||M||.||N|| .

R-2. Soit (Up)pN une suite de matrices de M (les éléments de la matrice Up sont notés up;ij, 1in, 1jn) ; pour que la suite de terme général Up, pN, soit convergente dans M et de limite une matrice donnée U = (uij), il faut et il suffit que chaque suite complexe (up;ij)pN soit convergente et de limite uij.

R-3. Soit X : t X(t) une application d'un intervalle ouvert I de R dans M. Désignons les éléments de la matrice X(t) par xij(t), 1in, 1jn. Pour que la fonction t X(t) soit une application continûment dérivable de I dans M, il faut et il suffit que les n² fonctions, de I dans C, xij : t xij(t) soient continûment dérivables.

R-4. Soient f : t f(t) une fonction complexe définie dans un intervalle ouvert I de R, X : t X(t) et Y : t Y(t) deux applications de I dans M. Si les trois fonctions f, X et Y sont continûment dérivables, les fonctions f.X : t f(t).X(t) et X.Y : t X(t).Y(t) sont continûment dérivables de I dans M. Les dérivées sont données par la formule de Leibnitz.

Le problème est consacré à la recherche de solutions d'équations différentielles matricielles. Chaque équation différentielle considérée est définie par les éléments suivants :

un intervalle ouvert I auquel appartient le réel 0.

une application f continue de MxI dans M : (M,t) f(M,t).

une matrice X0 de M.

Une solution t X(t) est une application, continûment dérivable d'un intervalle J, contenu dans I, voisinage de 0, dans M vérifiant les relations :

(E)

Il est admis que, pour les fonctions f considérées dans la suite, si t X(t) et t Y(t) sont deux solutions de l'équation différentielle (E) définies dans un même intervalle J, contenu dans I, voisinage de 0, ces deux solutions sont égales.

Première partie.

L'objet de cette partie est de résoudre des équations différentielles matricielles homogènes en recherchant une solution qui soit la somme d'une série entière.

I-1 °) Dérivabilité de la somme d'une série entière de matrices :

Soit a un réel strictement positif et (Ap)pN une suite de matrices ; supposons que, pour tout réel t appartenant à l'intervalle ]-a , a[, la série de terme général tp.Ap, pN, soit convergente dans M et de somme S(t) : S(t) = .

Démontrer que chaque élément sij(t) de la matrice S(t) est la somme d'une série entière de rayon de convergence au moins égal au réel a. En déduire que la fonction t S(t) de ]-a , a[ dans M est dérivable ; préciser sa dérivée.

I-2 °) Résolution d'une équation différentielle homogène :

L'objet de cette question est de montrer que si P, Q et X0 sont trois matrices données de M, il existe une suite de matrices (Ap)pN de M telle que la fonction t X(t) définie par la relation : X(t) =

soit l'unique solution de l'équation différentielle

(H1)

a. Soit S(t) la somme d'une série de terme général tp.Bp, p N, convergente lorsque le réel t appartient à l'intervalle [-a , a] (a > 0) ; S(t) = . Démontrer que si la somme S(t) de cette série vérifie pour tout réel t de l'intervalle [-a , a] les équations : S(t) = P.S(t).Q , S(0) = X0 , les matrices Bp, pN, sont définies de manière unique en fonction des matrices P, Q et X0. Donner, pour tout entier naturel p, l'expression de la matrice Bp en fonction des matrices P, Q et X0. Déduire des résultats précédents l'inégalité :

||Bp|| ||P||p ||Q||p ||X0||.

Quel est le rayon de convergence R de la série entière de terme général tp.||Bp||, pN ?

b. Déduire de ces résultats l'existence d'une fonction t X(t), somme d'une série de matrice de terme général tp.Ap, pN, unique solution, de l'équation différentielle (H1).

c. Démontrer que la solution t X(t) obtenue vérifie pour tout réel t, l'inégalité :

||X(t)|| ||X0|| e|t| ||P|| ||Q||.

d. Démontrer l'égalité entre les deux solutions t X(t) et t Y(t) des équations (H1) lorsque le triplet de matrices (P, Q, X0) vaut respectivement (A, In, In) et (In, A, In) ; A est une matrice donnée, In la matrice unité.

Désignons par t exp(tA) ou t etA la solution commune aux équations dans ces deux cas.

I-3 °) Un exemple :

Dans cette question l'entier n est égal à 2 ; étant donné les deux nombres complexes a et b, différents de 0, soient A et B les deux matrices :

A = , B = .

Calculer les matrices A² , B², AB et BA. Déterminer les matrices etA,etB et et(A+B) en fonction du réel t ety des matrices I2, A et B. Comparer le produit de matrices etA.etB à la matrice et(A+B). Vérifier la relation :

(etAetB) = etA.(A+B).etB.

I-4 °) Propriétés de la fonction t etP.

a. Soient A et B deux matrices quelconques de l'espace M ; déterminer la dérivée de la fonction t etA.etB en fonction des matrices etA, A+B et etB.

b. Soit f une fonction réelle continûment dérivable définie sur un intervalle I de R et A une matrice de M. Démontrer que la fonction de I dans M : t exp(f(t).A) est continûment dérivable. Préciser sa dérivée.

I-5 °) Une expression de exp(A+B) lorsque les matrices A et B ne commutent pas :

Dans cette question, A et B sont deux matrices de M qui commutent avec la matrice C définie par la relation : C = A.B - B.A .

a. Démontrer, pour tout entier p supérieur ou égal à 1, la relation :

(A +B).Ap = Ap+1 - p.Ap-1.C + Ap.B .

b. Soit X la fonction de R dans M définie par la relation :

X(t) = exp(t.A).exp(-t².C).exp(t.B).

Déterminer la matrice M telle que la relation X(t) = M.X(t) ait lieu.

c. En déduire une expression de la matrice exp(A+B) à l'aide des matrices exp(A),

exp(-C) et exp(B).

d. Exemple : Soient x, y, z, x', y' et z' des réels ; soient A et B les deux matrices :

A = , B = .

Calculer les matrices A.B et B.A ; établir que les matrices A et B commutent avec la matrice C = A.B - B.A . Il sera admis que les matrices A3, A².B, A.B², B3 sont nulles. Calculer, en fonction des matrices A, B, A², A.B, B.A et B², les matrices eA, eB, eA+B et exp(-C). Vérifier le résultat obtenu ci-dessus.

I-6 °) Propriétés de la fonction A expA :

Soit A une matrice de M ; il est admis que la matrice exp(A) est inversible, d'inverse exp(-A) et que la matrice transposée de exp(A) est exp(tA). Etablir que, si g est une fonction complexe définie sur un intervalle I continûment dérivable, la fonction de I dans M : t exp(g(t).A) est continûment dérivable. Préciser sa dérivée.

I-7 °) Application.

Soient A, B et X0 trois matrices données de M ; déterminer la solution de l'équation différentielle :

(H2)

On pourra considérer la fonction Y déduite de X par la relation : Y(t) = e-tA.X(t).e-tB.

Seconde partie.

L'objet de cette partie est la résolution d'équations différentielles du type suivant :

X(t) = (X(t) - A).M(t).(X(t) - B) ; X(0) = X0

II-1 °) Dérivée de la fonction t X(t)-1 :

a. Soit t X(t) une fonction continûment dérivable d'un intervalle I de la droite réelle dans M. Ces matrices X(t) sont supposées inversibles. Soit Y(t) la matrice inverse

X(t)-1. Démontrer que la fonction t Y(t) est continûment dérivable ; préciser la dérivée Y(t) en fonction de X(t) et de sa dérivée X(t).

b. Soit t C(t) une application continue d'un intervalle I ouvert de R, voisinage de 0, dans l'espace M ; démontrer l'existence et l'unicité d'une fonction t X(t) continûment dérivable de I dans M vérifiant les relations :

pour tout réel t de I, X(t) = C(t) ; X(0) = In..

En déduire qu'il existe un intervalle ouvert J voisinage de 0 dans lequel la matrice x(t) est inversible. Préciser ce résultat, lorsque la matrice C(t) est égale à une matrice D constante (indépendante du réel t).

II-2 °) Résolution d'une équation différentielle non-linéaire :

Soit t C(t) une application continue d'un intervalle ouvert I de R, voisinage de 0, dans l'espace M et X0 une matrice de M. L'objet de cette question est de rechercher une fonction t X(t) continûment dérivable d'un intervalle ouvert J, voisinage de 0, contenu dans I, dans M solution de l'équation différentielle :

(F1)

a. Soit Y une fonction inconnue telle que : X(t) = X0.Y(t)-1, Y(0) = In.

Déterminer une équation différentielle (G1) telle que si cette fonction Y est solution de (G1), la fonction X : t X(t) soit solution de l'équation (F1).

b. Démontrer qu'il existe une et une seule solution de l'équation (F1), définie dans un intervalle ouvert J, voisinage de 0, contenu dans I.

II-3°) Généralisation et exemples :

a. Soient A, B, C et X0 quatre matrices de l'espace M. Le but de cette question est de rechercher une fonction t X(t) continûment dérivable d'un intervalle ouvert I, voisinage de 0, dans M solution de l'équation différentielle :

(F2)

Démontrer l'existence et l'unicité d'une solution de cette équation différentielle en introduisant la fonction inconnue Y définie par la relation :

X(t) = A + Y(t).etC(A-B).

b. Expliciter la solution obtenue lorsque les deux matrices A et B sont égales : A = B. Préciser l'intervalle J de définition de la solution en fonction des valeurs propres d'une matrice.

c. Résoudre, lorsque l'entier n est égal à 2, l'équation différentielle

X(t) = X(t)² + I2 ; X(0) = .

Expliciter X(t), préciser son intervalle de définition sachant que a est un réel quelconque.

FIN DU PROBLEME