96 - E. P. M.

ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES,

ECOLES NATIONALES SUPERIEURES DE L'AERONAUTIQUE ET DE L'ESPACE,

DE TECHNIQUES AVANCEES, DES TELECOMMUNICATIONS,

DES MINES DE PARIS, DES MINES DE SAINT-ETIENNE, DES MINES DE NANCY,

DES TELECOMMUNICATIONS DE BRETAGNE

ECOLE POLYTECHNIQUE

(OPTION TA)

CONCOURS D'ADMISSION 1996

EPREUVE PRATIQUE DE MATHEMATIQUES

(Durée de l'épreuve : 2 heures)

Les candidats sont priés de mentionner de façon apparente sur la première page de la copie : EPREUVE PRATIQUE DE MATHEMATIQUES.

L'énoncé de cette épreuve, commune aux candidats des options M et P', comporte 4 pages.

L'objet de ce problème est de montrer qu'il existe, pour tout entier n strictement positif, deux suites de réels ai, 0in, et ai, 0in, tels que, pour tout polynôme P de degré inférieur ou égal à 2n + 1, l'égalité

(E) .

ait lieu. Cette propriété suggère que, si f est une fonction (2n + 2)-fois continûment dérivable sur l'intervalle [-1, 1], le réel In(f) défini par la relation In(f) = soit une valeur approchée de l'intégrale de la fonction f sur l'intervalle [-1, 1].

Soit E l'espace vectoriel des polynômes réels. A tout couple (P, Q) de polynômes appartenant à E, associons le réel (P | Q) défini par la relation :

(P | Q) =

Il est admis que l'application (P, Q) (P | Q) de ExE dans R est un produit scalaire. Soit F l'application de ExE dans R définie par la relation :

F(P, Q) = (X.P | Q) = .

Il est admis que l'application F (de ExE dans R) est une forme bilinéaire symétrique.

Dans toute la suite, la lettre n désigne un entier strictement positif et En le sous-espace vectoriel des polynômes de degré inférieur ou égal à n.

Il est admis que l'application (P, Q) (P | Q) de EnxEn dans R est un produit scalaire et qu'il existe un endomorphisme jn de En qui, à tout polynôme Q appartenant à En, fait correspondre l e polynôme jn(Q) de En vérifiant la relation :

pour tout polynôme P de En, (P | jn(Q)) = F(P, Q).

1°) Existence d'une base orthonormée de En ( | ) associée à la forme F :

a. Vérifier que l'endomorphisme jn de l'espace euclidien (En,( | )) est symétrique.

b. Exemple : Déterminer, lorsque l'entier n est égal à 2, l'endomorphisme j2 en recherchant les image des polynômes 1, X et X²; en déduire la matrice associée à l'endomorphisme j2 dans la base des polynômes 1, X et X². Quelles sont les valeurs propres de cet endomorphisme ?

c. Démontrer l'existence d'une base orthonormée de polynômes ei, 0in, appartenant à l'espace euclidien (En, ( | )) et d'une suite de réels ai, 0in, tels que, pour tout couple (P, Q) de polynômes appartenant à En, la relation ci-dessous ait lieu :

F(P, Q) = .

La base orthonormée (ei)0in de (En, ( | )) est dite associée à la forme bilinéaire F.

d. Démontrer que les réels ai , pour tout entier i compris entre 0 et n (0 i n), ont une valeur absolue strictement inférieure à 1 : |ai| < 1.

e. Exemple : dans cette question l'entier n est égal à 1 ; déterminer une base (e0, e1) orthonormée de l'espace euclidien (E1, ( | )) et deux scalaires a0 et a1 satisfaisant aux conditions de la question 1°.c ; on pourra d'abord déterminer une base orthonormée constituée de polynômes S0 et S1.

2°) Détermination d'une base orthonormée de En, associée à la forme F :

L'espace euclidien (En, ( | )) est supposé muni d'une base orthonormée (ei)0in associée à la forme F. L'existence en a été démontrée ci-dessus. Désignons par ai le produit scalaire du polynôme constant égal à 1 avec le polynôme ei : ai = (1 | ei).

a. Démontrer la propriété : pour tout entier k, compris entre 1 et n (0kn) et tout entier i compris entre 0 et n (0in) : (Xk | ei) = (ai)k ai.

En déduire, pour tout polynôme P de En et tout entier i compris entre 0 et n (0in), l'expression du produit scalaire (ei | P) en fonction des réels ai et P(ai).

b. Démontrer que pour tout entier i (0in) le produit des réels ai et ei(ai) est différent de 0 (ai.ei(ai) 0). En déduire que les réels ai, 0in, sont tous différents de 0.

Supposons que les réels ai , 0in, soient indexés de façon telle que les p premiers (0pn)

soient deux à deux distincts et que tout réel aj de rang j supérieur strictement à p soit égal à un ai de rang inférieur ou égal à p (ip). Soit Rn le polynôme défini par la relation :

Rn(x) = .

c. Démontrer, en considérant les produits scalaires (ei | Rn), que les réels ai, 0in, sont deux à deux distincts et que le degré du polynôme Rn est n + 1.

Soit j un entier compris entre 0 et n (0 j n) ; désignons par Lj le polynôme défini par la relation : Lj(x) =

d. Démontrer que chaque polynôme Lj est proportionnel au polynôme ej. Soit kj la constante de proportionnalité : ej = kj Lj. Démontrer les deux relations :

kj aj Lj(aj ) = 1 ; (aj )² =

En déduire les différentes bases orthonormées de En associées à la forme bilinéaire F.

3°) Validité de l'égalité (E) :

Les réels ai, 0in, et ai, 0in, sont ceux qui ont été définis précédemment.

a. Démontrer que, pour tout polynôme P de degré inférieur ou égal à 2n + 1, l'égalité

(E)

est vraie. Une méthode consiste à établir d'abord cette relation pour le polynôme constant égal à 1, puis pour les monômes Xk, 0k 2n+1, et enfin pour un polynôme de degré inférieur ou égal à 2n + 1.

b. Démontrer que cette relation (E) est fausse pour tout polynôme de degré 2n + 2.

4°) Détermination du polynôme Rn :

Désignons toujours par Rn le polynôme défini par la relation : Rn(x) =..

a. Soit P un polynôme appartenant à En ; calculer le produit scalaire des polynômes P et Rn dans (E, ( | )).

b. Soit Un un polynôme de degré n + 1 dont le terme de plus haut degré est Xn+1. Supposons qu'il soit orthogonal dans (E, ( | )) à tous les polynômes P du sous-espace vectoriel En. Démontrer que ce polynôme Un est le polynôme Rn. En déduire une caractérisation simple du polynôme Rn et une méthode directe de détermination du polynôme Rn (qui évite de rechercher les réels ai , 0 i n).

c. Etablir une relation simple entre les polynômes Rn(X) et Rn(-X).

d. Déterminer, lorsque l'entier n est égal à 2, le polynôme R2 puis les réels ai, 0 i 2 ; a0< a1 <a2 . En déduire ensuite les polynômes Li, 0 i 2, puis les réels(ai)², 0 i 2.

Soit f une fonction réelle définie et continue sur l'intervalle [-1, 1]; étant donné un entier n (n 1), désignons par In(f) l'expression ci-dessous :

In(f) =

Il est admis que, si la fonction f est (2n+2)-fois continûment dérivable, l'erreur commise en remplaçant la valeur de l'intégrale par In(f) peut être évaluée par la relation :

.

||Rn|| désigne la norme du polynôme Rn dans l'espace euclidien (E, ( | )).

5°) Application :

a. Soit f la fonction définie sur [-1, 1] : . Calculer I2(f) ; comparer le résultat obtenu à la valeur exacte de l'intégrale. Vérifier la précision obtenue en admettant le résultat : .

b. Soit g la fonction définie sur [-1, 1] : . Calculer I2(g) ; comparer le résultat obtenu à la valeur exacte de l'intégrale. Vérifier la précision obtenue.

FIN DU PROBLEME