96 MATH. II - M
ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES,
ECOLES NATIONALES SUPERIEURES DE L'AERONAUTIQUE ET DE
L'ESPACE,
DE TECHNIQUES AVANCEES, DES TELECOMMUNICATIONS,
DES MINES DE PARIS, DES MINES DE SAINT-ETIENNE, DES MINES
DE NANCY,
DES TELECOMMUNICATIONS DE BRETAGNE
ECOLE POLYTECHNIQUE
(OPTION TA)
CONCOURS D'ADMISSION 1996
MATHEMATIQUES
DEUXIEME EPREUVE
OPTION M
(Durée de l'épreuve : 4 heures)
Les candidats sont priés de mentionner
de façon apparente sur la première page de la copie :
MATHEMATIQUES II - M.
L'énoncé de cette épreuve,
particulière aux candidats de l'option M, comporte 6 pages.
Nombres algébriques et nombres transcendants.
Dans tout le problème K est un sous-corps du corps
des réels R et K[X] le K-espace vectoriel
des polynômes sur K. Par définition, un réel
a est algébrique sur le corps
K si et seulement si le réel a
est racine d'un polynôme P, autre que le polynôme
nul, appartenant à K[X]. Dans le cas contraire,
le réel a est transcendant sur
le corps K.
Le but de ce problème est d'établir des propriétés
simples des nombres algébriques et transcendants sur un
corps K, d'en donner des exemples lorsque le corps K
est celui des rationnels puis d'appliquer les résultats
obtenus pour caractériser des figures géométriques
constructibles " à la règle et au compas ".
Première Partie
Soient K un sous-corps de R et a
un réel algébrique sur le corps K ;
désignons par I(a) l'ensemble
des polynômes P appartenant à K[X] qui admettent
a comme racine :
I(a) = { P | P
K[X], P(a) = 0 }.
I-1°) I(a) est un idéal
de K[X] :
- Démontrer que I(a)
est un idéal de K[X]. En déduire l'existence
d'un polynôme Ma unitaire
(le coefficient du terme de Ma
de plus haut degré est égal à 1) unique tel
que I(a) soit l'ensemble des
polynômes de K[X] proportionnels à Ma
dans K[X].
I(a) = { P |
Q
K[X] ; P = Ma.Q
}.
- Démontrer que, pour qu'un polynôme P, appartenant
à K[X], unitaire et irréductible dans K[X],
soit le polynôme Ma,
il faut et il suffit que le réel a
soit racine du polynôme P.
Par définition, le polynôme Ma
est le polynôme minimal de a
sur K, le degré du polynôme Ma,
noté d(a, K), est le
degré de a sur K. Soit
K[a] le K-espace vectoriel engendré
par la famille des réels 1, a,
..., aq, ... : K[a]
= {x | x =
, q
N, xp
K}.
Il est admis que l'ensemble K[a]
est, pour les lois de composition somme et produit, un anneau.
I-2°) Le degré de a
sur K est égal à 1 :
Le réel a et le corps K
étant donnés, démontrer l'équivalence
entre les affirmations suivantes :
i/ le réel a appartient à
K, ii/ le degré de a
sur K est égal à 1 ; iii/ K[a]
est égal à K.
I-3°) Dans cette question le degré de a
sur K est égal à 2.
- Préciser la dimension de K[a] ;
démontrer que K[a] est
un corps.
- Démontrer qu'il existe un réel k (k>0) appartenant
au corps K tel que les deux corps K[a]
et K[
] soient égaux.
Par définition, dans ce cas (d(a,
K) = 2), K[a] est une
extension quadratique de K.
I-4°) Dans cette question, le degré de a
sur K est égal à un entier n
2 :
- Démontrer qu'à tout réel x appartenant
à l'espace vectoriel K[a]
est associé de manière unique un polynôme
R de degré inférieur ou égal à n-1
appartenant à K[X] tel que : x = R(a).
En déduire une base du K-espace vectoriel K[a]
et sa dimension.
- Démontrer que, pour tout réel x (différent
de 0) de K[a], le polynôme
R ainsi associé est premier avec le polynôme minimal
Ma. En déduire l'existence
d'un polynôme U de K[X] tel que la relation U(a).R(a)
= 1 ait lieu.
- Démontrer que l'anneau K[a]
est un corps.
- Démontrer que l'ensemble K[a]
est le plus petit corps admettant a
comme élément, contenant K et contenu dans
R (a
K[a], K
K[a]
R).
Le corps K est maintenant le corps des rationnels Q.
Considérons la suite des polynômes définis,
pour tout réel x et pour tout entier naturel n, par les
relations :
P0(x) = 1, P1(x) = 2.x + 1 ; Pn+2(x)
= 2.x.Pn+1(x) - Pn(x).
Soit Qn le polynôme défini par la relation :
Qn(x) = Pn(
).
I-5°) Propriétés générales
des polynômes Pn :
- Déterminer le degré du polynôme Pn,
n
0 ; préciser le coefficient du terme de plus haut
degré et le terme constant. Déterminer les polynômes :
P2, P3, P4. Démontrer
que les coefficients des polynômes Qn, n
0, sont des entiers relatifs.
- Démontrer que les seules racines rationnelles possibles
du polynôme Qn sont les entiers 1 et -1. Exprimer
l'expression Qn+3(x) + x.Qn(x) en fonction
du polynôme Qn+1(x). En déduire que les
racines rationnelles éventuelles des polynômes Qn+3
et Qn sont les mêmes. Préciser les polynômes
Pn qui ont une racine rationnelle.
I-6°) Racines du polynôme Pn :
Soit q un réel donné
compris strictement entre 0 et p (0<q<p).
Considérons la suite (un)n
0 définie par la donnée de u0 et
de u1 et la relation de récurrence :
pour tout entier naturel n, un+2 = 2.un+1.cosq
- un.
- Déterminer l'expression du terme général
un de la suite ci-dessus en fonction des réels
n et q et de deux scalaires l
et m déterminés par q,
u0 et u1.
- Utiliser les résultats précédents pour
exprimer le réel vn = Pn(cosq)
en fonction des réels n et q.
En déduire toutes les racines du polynôme Pn
notées xk,n, 1
k
n.
- Démontrer que les trois nombres réels cos(
),
cos(
) et cos(
)
sont algébriques sur Q. Déterminer leur polynôme
minimal.
I-7°) Dans cette question le réel a
est le nombre algébrique sur Q, cos(
) :
- Démontrer que la dimension de l'espace vectoriel Q[a]
est trois et qu'une de ses bases est B = (1, a,
a²). Donner l'expression dans
cette base des réels cos(
), cos(
).
- Soit f un endomorphisme de l'espace vectoriel Q[a] ;
supposons que, pour tout couple de réels x et y appartenant
à Q[a], la relation f(x.y)
= f(x).f(y) ait lieu.
Déterminer les différentes images possibles des
réels 1 et a dans la base B.
En
déduire que l'ensemble de ces endomorphismes est, pour
la loi de composition des
endomorphismes, un groupe à trois éléments
f1, f2, f3. Déterminer
les matrices
associées à ces endomorphismes f1, f2,
f3 dans la base B.
I-8°) Exemple de nombres transcendants sur Q :
Soit S un polynôme, appartenant à Q[X], de
degré
2, irréductible
sur Q.
- Démontrer qu'il existe un entier naturel CS
(différent de 0) tel que pour tout rationnel r =
(le couple (p, q) appartient à ZxN*) il vienne :
|S(r)| 
.
- Supposons que le réel a
soit une racine de S. Déduire du résultat précédent
l'existence d'une constante K, strictement positive, telle que
pour tout rationnel r =
appartenant à
l'intervalle [a-1, a+1],
l'inégalité |a - r| 
ait lieu.
- Soit (tn)n
N
la suite des réels définis par la relation :
tn =
, n
0.
Démontrer que la suite (tn)n
N
est convergente ; soit t sa limite.
Etablir l'inégalité : |t - tn|
2.10-(n+1) !. En déduire que le réel
t est transcendant sur Q.