GALOIS EVARISTE

(1811-1832)

I. Biographie
II. Travaux Mathématiques


I. BIOGRAPHIE

Né à Bourg-la-Reine le 25 Octobre 1811, il est le deuxième enfant d'Adelaïde Demante et de Nicolas Galois. De son père, ancien instituteur devenu maire de Bourg-la-Reine, il héritera de ses valeurs républicaines, mais c'est sa mère qui l'éduquera jusqu'à 12 ans de manière plutôt littéraire. Il entre alors à Louis-Le-Grand et commence à s'intéresser à la politique avec ses condisciples. A ce moment, suite à une mini-rébellion, 40 élèves sont renvoyés du lycée; Galois n'en fait pas partie mais cela renforce sans doute ses aspirations contestataires.

Il n'étudie pas vraiment les mathématiques ces deux premières années; c'est à 15 ans, après un redoublement, qu'il s'inscrit aux cours de mathématiques d'Hippolyte Jean Vernier. Et c'est la révélation ; il se passionne immédiatement pour cette matière et dévore les ouvrages de Lagrange : Résolution des équations algébriques, Théorie des Fonctions analytiques, Leçons sur le calcul des Fonctions, ainsi que les travaux de Legendre. Son professeur remarque ses aptitudes, mais comme Galois commence à négliger les autres matières, on lui tape sur les doigts... Galois décide alors de présenter le concours d'entrée à Polytechnique avec une année d'avance, mais il échoue, manquant de bases peut-être.

Il est attiré par Polytechnique autant pour les valeurs républicaines que cette école représente que pour le niveau mathématique, et il ressent son échec comme une injustice.

Il s'inscrit alors aux cours de monsieur Richard toujours à Louis-Le-Grand. Ce dernier reconnaît immédiatement son génie (il publiera ainsi, encore étudiant, son premier article Démonstration d'un théorème sur les fractions continues périodiques). Son professeur demande son incorporation sans examen à Polytechnique, qui est refusée.

Mais Evariste est en train de s'attaquer à la résolution des équations à une inconnue de degré quelconque, et ce faisant, il jette les bases de ce qui deviendra la Théorie des Groupes. Il rédige ses premiers articles. Il se prépare au concours de Polytechnique, mais à quelques semaines de l'échéance, son père se suicide, suite à une cabale politique. Il n'est donc pas dans ses meilleures dispositions au moment du concours. De plus, il ne s'entend pas avec son examinateur à l'oral. Il échoue à nouveau, sa méfiance envers les institutions scientifiques et, par extension, politiques de l'époque ne fera plus que s'accroître.

Il rentre alors à l'Ecole Préparatoire (ancienne Ecole Normale Supérieure). Il a 19 ans lorsqu'il présente ses premiers travaux sur les équations à l'Académie des Sciences, c'est Auguste Cauchy qui sera chargé de les examiner. La légende veut que ce dernier ait perdu les travaux de Galois, néanmoins il semblerait que Cauchy, qui avait lui-même travaillé sur les groupes, fut très intéressé et proposa à Galois de généraliser ses travaux et de présenter un mémoire pour le Grand Prix de Mathématiques de l'Académie des Sciences. Ce qu'il fit c'est sûr. Le mémoire fut confié à Fourier alors secrétaire de l'Académie des Sciences, mais après la mort de ce dernier en mai 1830, on perdit la trace des travaux de Galois...

Tout ceci n'arrangea pas les rapports de Galois avec ses pairs... Néanmoins, il rédige l'année suivante un nouveau mémoire sur la résolution des équations par radicaux qui est jugé incompréhensible ... Il ne sera jamais reconnu par les institutions scientifiques de l'époque.

Il ne sera jamais en paix non plus avec les institutions politiques... En juillet 1830, les républicains descendent dans la rue pour s'opposer à la restauration et alors que les élèves de Polytechnique participent aux manifestations, ceux de l'Ecole Préparatoire sont enfermés par le directeur. Galois regrettera beaucoup d'avoir manqué cette mini-révolution. Quand c'est finalement Louis-Philippe qui prend le pouvoir Galois et ses amis sont très déçus, mais Galois prend alors contact avec les milieux républicains et il rentre dans la Garde Nationale, une sorte de milice républicaine. Il est finalement renvoyé de l'Ecole Préparatoire pour une lettre publique dénonçant le comportement du directeur pendant la Révolution de Juillet. Il s'installe alors chez sa mère mais celle-ci préféra partir, car il était apparemment très difficile à vivre. En 1831, au cours d'un banquet, Galois porte un toast, couteau à la main, à Louis-Philippe. Pour cette provocation il sera arrêté et jugé, mais semble-t-il à cause de son jeune âge, acquitté. Il aura quand même passé un mois en prison.

De toute façon, il est arrêté un mois plus tard pour avoir porté l'uniforme de la Garde Nationale (celle-ci avait été en effet dissoute sous le prétexte qu'elle menaçait la couronne). Il va alors passer près d'un an en prison. C'est là qu'il travaillera "de tête" !!! aux intégrales algébriques et à une théorie de l'ambiguïté dont il ne reste aucune trace aujourd'hui. Comme on s'en doute cette période n'est pas toute rose pour Evariste. On rapporte que dans un moment de déprime, il aurait prédit sa fin : "Je mourrai dans un duel pour les beaux yeux de quelque coquette de bas étages." Suite à une épidémie de choléra, il est transféré en 1832 à la maison de santé du Sieur Faultrier. C'est là que Galois va rencontrer Stephanie-Félicie Poterin du Motel. C'est pour elle qu'il acceptera un duel le 2 juin au matin. On ne connaît pas les causes exactes de ce duel, beaucoup ont dit que c'était une machination pour assassiner Galois, mais aujourd'hui, on croit plus à un duel imbécile entre amis...

Galois, la veille du duel, met en ordre quelques brouillons, annote ses deux mémoires et rédige un "Testament à Auguste Chevallier" où il résume ses découvertes , mais n'invente pas en une nuit la théorie des groupes comme le dit la légende.

Il meurt le 2 juin 1832, le matin de l'Ascension, son corps est ramassé par des passants et amené à l'hôpital. Ses amis l'accompagnent quand on le place dans une fosse commune du cimetière de Montparnasse. Ses amis seront tués quelques jours plus tard sur une barricade.

II. Travaux Mathématiques

Les travaux de Galois sur la théorie des équations marquent les mathématiques modernes, car il développe la théorie des ensembles à un niveau supérieur, en particulier grâce à ses résultats sur les permutations d'un ensemble fini.

(Voir Résolution des équations de degré supérieur à cinq)

Lagrange en 1770, dans un ouvrage célèbre, fait le point sur la résolution des équations algébriques de degré inférieur à quatre par la méthode des radicaux en restant bloqué au degré cinq. Abel montrera en 1824 qu'il est impossible de résoudre de telles équations par la méthode des radicaux. Et c'est Cauchy qui, en 1830, introduit pour la première fois la notion de groupe de permutations d'un ensemble fini.

Galois va démontrer que l'équation générale de degré supérieur à cinq n'est pas résoluble par la méthode des radicaux parce que le groupe des permutations de n objets n'est pas résoluble .

(Voir Corps finis)

Voulant aller plus loin dans la notion de groupes finis, il va arriver à une représentation "linéaire" de ces derniers. Il travaille d'abord sur les corps des classes d'entiers modulo un nombre premier et aboutira à une classification complète des corps finis.

(Voir Intégrales Algébriques)

Dans ses recherches sur la théorie des équations, il s'intéressera aux intégrales algébriques, mais malheureusement, il n'y a pas de traces de ces travaux, juste les résultats notés dans sa "Lettre à Auguste Chevalier" où il classe les intégrales Abéliennes en 3 espèces. C'est 25 ans plus tard que Riemann aboutira à ces résultats.

Aucune trace ne demeure de sa théorie de l'Ambiguïté...


Auteur : Gilles Pouliquen
Relecteur : Pascal Audoux
Première version : 20/5/1996
Sources : ?