Le but de cet article est de présenter la définition
et les principales propriétés de l'exponentielle
d'endomorphisme et de matrice, en soulignant leur utilité
dans le calcul pratique de la valeur d'une exponentielle.
-Cadre d'étudeII. PropriétésSoit E un K-espace de Banach.
-Exponentielle d'un endomorphismeLc(E) muni de la " norme triple " :
f
Lc(E), |||f||| =
||f(x)||
est alors un K-espace de Banach.
-Proposition I.1
- D'après l'étude faite sur les séries entières d'endomorphismes, comme
est une série entière de rayon de convergence infini, si f
Lc(E), alors on peut définir
= exp(f) appelée exponentielle de f.
Il faut maintenant s'interroger sur la possibilité d'une définition matricielle de l'exponentielle d'un endomorphisme, c'est-à-dire sur l'invariance par changement de base.
- Soit u
Lc(E). Soit v
Lc(E) avec v inversible et v -1
Lc(E).
On sait alors que pour tout entier n, (v-1uv)n = v-1 un v.
Donc exp(v-1uv) =
=
=
= v-1.exp(u).v .
Soit B une base de E.
Soit A la matrice de u dans B : A = Mat(B, u).
Définissons l'exponentielle de A par
exp(A) = Mat(B, exp(u))
Soit B' une autre base de E.
Soit A' la matrice de u dans B'.
Il existe alors P
Gln(K) telle que A' = P-1AP.
Soit v l'endomorphisme tel que P = Mat(B, v). On a alors v
Lc(E) avec v inversible et v-1
Lc(E).
Et il vient P-1 = Mat(B, v-1).
exp(A') = Mat(B, exp (v-1 uv)).La définition de l'exponentielle de matrice est donc légitime et l'on obtientexp(A') = Mat(B, v-1 exp(u) v)
exp(A') = Mat(B, v-1).Mat(B, exp(u)).Mat(B, v)
exp(A') = P-1.Mat(B, exp(u)).P
exp(A') = P-1.exp(A).P
exp(A) =![]()
Il vient de cette étude :
Soit u
Lc(E).
Soit vLc(E), inversible avec v-1
Lc(E).
Alors :
exp(v-1uv) = v-1.exp(u).v .
C'est-à-dire matriciellement :
Soient A et A'Mn(K).
Si A et A' sont P-semblables (avec PGLn(K)) alors exp(A) et exp(A') sont aussi P-semblables.
La définition de l'exponentielle d'endomorphisme sous la forme de série entière d'endomorphisme permet de déduire ses premières propriétés.
Soit fLc(E).
Alors
exp(f)Lc(E).
Voir démonstration
L'application Lc(E)
Lc(E),fexp(f) est continue.
Voir démonstration
Soit fLc(E).
Alors
|||exp(f)|||exp(|||f|||)
Voir démonstration
C'est le cas en particulier des endomorphismes idempotents comme le montre la proposition suivante :
Proposition II.3
Soit uVersion matricielleLc(E).
Si u² = u, alors
exp(u) = Id + (e - 1).u
Voir démonstration
Soit AMn(K).
Si A² = A, alors
exp(A) = In + (e - 1).A
Voir démonstration
Proposition II.4
Soit AMn(K).
Si A = Diag [a1, a2, ..., an] alors
exp(A) = Diag [exp(a1), exp(a2), ..., exp(an)]
Voir démonstration
Voir exemple d'utilisation de cette méthode.
Proposition II.5
Soient (u,v)Note : Dans le cas où u et v ne commutent pas, le résultat est faux en général. Il faut donc se méfier lorsqu'on étudie l'exponentielle d'une matrice car Mn(K) est un anneau non commutatif.Lc(E)²
Si u.v = v.u alors
exp (u + v) = exp(u).exp(v)
Voir démonstration
Cette proposition permet alors une nouvelle méthode de calcul de l'exponentielle d'une matrice, en décomposant la matrice en somme de matrice commutant entre elles et dont l'exponentielle est calculable.
Cette méthode est applicable notamment avec les matrices
diagonalisables (utilisation des projecteurs spectraux) ou, dans
certains cas, en utilisant des polynômes annulateurs tels
que le polynôme minimal.
Voir exemple d'utilisation.
Soit uLc(E).
Alors
exp(u) est inversible d'inverse exp(-u)
Voir démonstration
Soit AProposition II.8Mn(C)
Alors
det(exp(A)) = exp(Tr(A))
Voir démonstration
Si A est antisymétrique, alors exp(A) est une matrice orthogonale directe.
Voir démonstration
" Les maths en tête, Algèbre ", Xavier GOURDON (coll. Ellipses)
Cours de Mathématiques Spéciales de M. Botta (Saint-Louis, XM2, 95-96)