Démonstration de l’article sur l’indicateur d’Euler


Proposition II.1

- Enoncé

f(1) = 1.
Si p est un nombre premier alors f(p) = p-1.
Si p est un nombre premier et a un entier naturel, alors f(pa) = pa-1.(p-1).
Soit n et m deux entiers naturels premiers entre eux. Il vient f(m.n) = f(m).f(n).

- Démonstration

Z/1Z = {0}, donc il n’a qu’un seul générateur, 0.
D’où f(1) = 1.

• Soit p un nombre premier.
1, 2, ..., p-1 sont premiers avec p et n’ont pas la même classe dans Z/pZ (et il est clair qu’il n’y a pas d’autres entiers premiers avec p qui aient une classe différente). D’où f(p) = p-1.

• Soit p un nombre premier.
Soit a un entier naturel.
Calculer f(pa) revient à compter le nombre d’entiers compris entre 1 et pa (inclus) qui sont premiers avec pa. Comme p est premier, cela revient à dénombrer le nombre d’entiers de 1..pa qui ne sont pas divisibles par p, c’est-à-dire tous les entiers sauf les multiples de p.
Comme il y a pa-1 multiples de p, il vient : f(pa) = pa - pa-1 = pa-1.(p-1).

• Soit n et m deux entiers naturels tels que n /\ m = 1.
D’après le théorème chinois, on sait que Z/mnZ est en bijection avec Z/nZ x Z/mZ par une application q qui à un élément de Z/mnZ associe un couple composé de sa classe dans Z/nZ et de sa classe dans Z/mZ.
On va montrer que q induit une bijection entre les éléments de Z/mnZ qui sont premiers avec mn et les couples (a, b) de Z/nZ x Z/mZ où a est premier avec n et b premier avec m.
Soit u de Z/mnZ, premier avec mn.
D’après le théorème de Bezout, il existe r et s deux entiers tels que r.u + s.mn = 1, d’où l’on déduit immédiatement que u est premier avec m et aussi avec n (toujours gràce au théorème de Bezout).
Soit maintenant (a, b) un couple de Z/nZ x Z/mZ tel que a /\ n = 1 et b /\ m = 1.
On prend y de Z/mnZ tel que q(y) = (a, b). Cet élément existe car q est une bijection et de plus, il est différent pour tout couple (a, b) choisi.
D’après le théorème de Bezout, il existe des entiers r1, s1, r2 et s2 tels que :
a.r1 + n.s1 = 1
b.r2 + m.s2 = 1
D’autre part a = y + k1.n et b = y + k2.m, d’où
(y + k1.n).r1 + n.s1 = 1
(y + k2.m).r2 + m.s2 = 1
Ce qui peut s’écrire, en posant u = k1.r1 + s1 et v = k2.r2 + s2,
y.r1 + n.u = 1
y.r2 + m.v = 1
Soit, en faisant le produit,
y.(r1.r2.y + r1.m.v + r2.n.u) + nm.uv = 1
Ce qui prouve bien (théorème de Bezout), que y est premier avec mn.
On a donc une bijection entre les éléments inversibles de Z/mnZ et ceux de Z/nZ x Z/mZ.
Comme ce sont des ensembles finis, leurs cardinaux sont égaux.
D’où f(mn) = f(n).f(m)


Proposition II.2

- Enoncé

Soit n un entier naturel.
Alors, il vient :

- Démonstration

Le résultat est évident pour n = 1 (car f(1) = 1).
Supposons le vrai jusqu’à n-1.
Si n est premier, ses seuls diviseurs positifs sont 1 et n.
Or f(1) = 1 et f(n) = n-1 car n est premier.
Donc
Sinon, il peut se décomposer en produit de deux entiers naturels u et v différents de 1 et premiers entre eux.
On a alors . Comme u et v sont premiers entre eux, d peut se décomposer sous la forme d1.d2 avec d1|u et d2|v.
D’où.
Or u et v étant premiers entre eux, d1 et d2 sont aussi premiers entre eux. D’après la proposition II.1, il vient f(d1.d2) = f(d1).f(d2).
Donc : .
D’après l’hypothèse de récurrence, il vient et .
D’où
Par récurrence, le résultat est bien démontré.


Proposition II.3

- Enoncé

Soit c, une fonction de N* dans N.
Si, pour tout entier naturel n non nul, on a , alors f = c.

- Démonstration

Pour le cas n = 1, le résultat est évident.
Supposons le résultat vrai pour tout m < n.
On a alors :

Or, d’après la proposition II.2, on a

D’où c(n) = f(n).
Il vient donc par récurrence que c = f.


Auteur : P. Audoux
Date de création : 23/09/98
Relecture : None